3 questions à Manuelle Malot (EDHEC) sur « l’expérience candidat » vue par les GenZ et les recruteurs
L’EDHEC NewGen Talent Centre vient de publier, en partenariat avec Job Teaser et The Gen Z Lab, une vaste étude sur « l’expérience candidat » des étudiants et jeunes diplômés. Qualité de l’annonce, nombre d’étapes, fluidité dans les interactions Vs. ghosting, rôle de l’IA… près de 6000 individus de 18 à 30 ans et plus de 550 responsables RH ont été interrogés afin de mieux comprendre les convergences et écarts entre recruteurs et recrutés. Manuelle Malot, Directrice de l’EDHEC NewGen Talent Centre, présente les points clés de cette étude.
- Télécharger l’étude complète ou voir la page Job Teaser dédiée à cette étude.
- Parcourir le communiqué de presse (8 oct.) et l’infographie
- Accéder aux pages dédiées à l'EDHEC NewGen Talent Centre
Quelles sont les principales conclusions de votre étude sur l'expérience candidat pour la Génération Z ?
Manuelle Malot: Tout d’abord, nous avons eu confirmation de l’ampleur des difficultés de recrutement auxquelles sont confrontées les entreprises : 80 % des recruteurs jugent l'avenir du marché du travail favorable pour la Génération Z et une entreprise sur trois peine à attirer et recruter des profils juniors. Cette situation socio-démographique justifie cette étude hors normes.
Notre analyse révèle que l'expérience candidat est cruciale pour attirer et fidéliser les jeunes talents. Depuis la rédaction de l’offre d’emploi jusqu’à la signature du contrat de travail, l’expérience candidat révèle autant de déceptions pour les jeunes que d’opportunités manquées pour des entreprises qui ne semblent pas avoir assez investi sur cette question.
Avant tout, les jeunes diplômés souhaitent des processus de recrutement rapides : la lenteur perçue actuelle est, pour eux, le facteur n°1 des abandons – ils situent autour de 22 jours la durée maximale, quand 1 tiers des entreprises admettent dépasser, parfois largement, cette durée. Un chiffre à mon sens largement sous estimé compte tenu des témoignages des jeunes… Adeptes de transparence les jeunes générations souhaitent également des processus plus personnalisés et plus transparents, notamment en ce qui concerne la rémunération.
Avec 77 % des jeunes ayant vécu une mauvaise expérience de candidature affirmant que l’image de l’entreprise s’est dégradée, on voit l’importance pour les marques employeur d'investir dans l'expérience candidat.
Quels sont les principaux défis que les entreprises doivent relever pour améliorer cette expérience ?
Manuelle Malot: Les recruteurs doivent d'abord s'assurer que leurs offres d'emploi sont attrayantes et adaptées aux attentes des jeunes candidats. Actuellement, seulement 25 % d'entre eux ajustent systématiquement leurs annonces pour capter l'attention de la Génération Z.
De plus, comme évoqué, la durée des processus de recrutement est souvent un irritant de l’expérience candidat tout comme le nombre d’étapes et la quantité, jugé abusive, d’études de cas parfois vécues comme du conseil pour les entreprises…
Les entreprises doivent donc travailler à améliorer ces process, tout en assurant une communication claire et rapide avec les candidats, mais aussi plus « humaine » avec par exemple une rencontre - lors de la phase finale notamment - avec la (future) équipe.
Ensuite, un chiffre nous a surpris : 86 % des candidats déclarent avoir déjà été ghostés par un recruteur ! Nous pouvons imaginer que l’effet sur le moral des candidats mais aussi sur l’image qu’ils se font du « marché du travail » pose clairement question. Quand on ajoute à cela le chiffre préoccupant d’1 quart des candidats déclarant avoir subi une discrimination – origine, genre, handicap… - on voit que les pistes d’amélioration sont nombreuses, et attendues.
Comment la technologie, et en particulier l'IA, joue-t-elle un rôle dans l'amélioration de l'expérience candidat ?
Manuelle Malot: Clairement, l'intelligence artificielle offre de nombreuses opportunités pour optimiser les processus de recrutement, des deux côtés d’ailleurs. Actuellement, 36 % des recruteurs utilisent déjà des outils d'IA, et ces outils sont perçus positivement par les jeunes générations, et même : ils sont déjà 7 sur 10 à s’appuyer sur l’IA pour préparer et passer leurs entretiens.
Côté entreprise, l'IA peut aider à rédiger des offres d'emploi plus attractives, à trier les CV et à gérer la communication avec les candidats. Elle permet ainsi d'alléger le processus tout en maintenant un contact personnalisé. Ainsi, en intégrant l'IA de manière réfléchie, les entreprises peuvent non seulement améliorer l'efficacité de leurs recrutements, mais aussi répondre aux attentes de la Génération Z.